Commissariat: Patrick, Louis, Matthieu et Augustin de Bayser, texte de Jean Clair
LA POUDRE ET LE CHARBON
On parle de nuit « noire » et de nuit « blanche ». La nuit se tient aux extrêmes. Tantôt elle recouvre et tantôt elle se dévoile. Tantôt on s’égare en elle, et tantôt on fuit sa lucidité. La nuit, dans sa double postulation, a la rigueur du dessin qui, du noir au blanc, s’appuie sur ces deux extrêmes, et déroule son domaine entre noir et blanc, entre vie et mort, poussière et terreau.
Le dessin a la rigueur de la nuit. Il naît de la même source, il s’alimente aux mêmes rêves, et il obéit à la même discipline. Il surgit des formes du jour, que la lumière découvre, mais il s’inscrit dans un espace si rigoureux, avec des moyens de suggestion si limités, qu’il s’apparente à l’immatérialité du songe, au creux de la nuit, qu’elle soit blanche ou qu’elle soit noire....
Essai de Jean Clair de l'Académie Française